Ange à la cloche
Bête à deux têtes
Inspirée par l’esthétique cinématographique, Nazanin Pouyandeh lui emprunte ses cadrages et lumières. Dans Bête à deux têtes, elle opte pour le plan rapproché et focalise l’attention sur l’étreinte de deux femmes dénudées sur le point de s’embrasser. Leur posture semble rejouer la tension de la scène tatouée sur le bras de l’une d’entre elles, où une créature fantastique à deux têtes évoquant la figure mythique de l’amphisbène, se mord la queue. Mythe et réalité entrent en résonnance pour transposer la scène hors du monde et du temps.
Consuming a Grief That’s Yet to Come
Cunt
Nous retrouvons dans l’oeuvre graphique “Cunt”, un des motifs que l’artiste décline et digresse dans son travail : la figure du clown. Ici, les attributs de ce personnage se révèlent sur un curieux portrait d’enfant. Cette image contient une certaine étrangeté, une dimension à la fois inquiétante et amusante qui fait sa force tragi-comique. L’apparence classique de ce portrait d’enfant est détournée, car ce dernier a le front auréolé de l’insulte vulgaire “cunt” – “con” en français. Si le rôle du clown est de susciter le rire, les yeux embués de larmes de l’enfant trahissent un certain malaise et accentuent le sentiment ambigu inhérent à l’œuvre.
Puisque le processus de création de Jean-Luc Verna implique que le dessin initial soit corrigé, il en résulte des images à plusieurs couches, où la réinterprétation est essentielle. L’œuvre finale est imprégnée des traces de différentes temporalités et spontanéités, faisant d’elle une sorte de palimpseste visuel où la perte et le souvenir se mêlent pour former une nouvelle apparition.

DOC KAPITANOZ “F.U.T.U.R.E” DE BRAIN DE L.O.V.E.!
Dream Sharing

Espace urbain
Gina
I Can’t See You
Institute of Captivity
Jeune berger marqué au fer rouge après avoir perdu une bête, Changalane, 1972

JWANG BA HAE I
Série Her Story
Kganye perd sa mère en 2010, cette perte va inspirer sa série de photomontages : Ke Lefa Laka : Her-story en 2013. Dans cette série, l’artiste s’immisce dans les portraits photographiques de sa mère datant d’environ vingt ans. La pose et les vêtements de l’artiste sont identiques aux portraits de sa mère. Les photomontages deviennent alors la substitution d’un dénouement de la mémoire, d’une identification forgée ou d’une conversation imaginée entre l’artiste et sa mère.

JWANG BA HAE II
Série Her Story
Katya

KE BALA BUKA KE APERE NAETERSE II
Série Her Story

KE DUTSE PELA DIPALESA II
Série Her Story

KE TSAAMAYA MASIU II
Série Her Story

L’amour toujours
© ADAGP, Paris. Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris.
Non sans une certaine effronterie, il y a une nature composite dans le travail d’Arnaud Labelle-Rojoux, que l’on retrouve dans sa série de collage « L’amour toujours », datant de la fin des années 1970. Elle s’apparente à un détournement satirique ou artistique d’images liées à « l’amour » ou à la sexualité, présentent dans des publications d’époque, publicités, photographies, ou illustrations. Il les extraient de leurs contextes d’origine pour en faire sept collages, dont plusieurs représentations de femme (la mariée, la lesbienne, la Vierge, la danseuse gitane,…). D’autres images, des dessins et des légendes, sont associés à cette collecte et viennent perturber le sens, en ouvrant une lecture quasi anachronique. Une femme nue sur une plage est auréolée comme la Sainte Vierge, un dessin de mode représentant une femme à la coupe garçonne est titrée « je suis lesbienne et… et alors ? », le Journal de Mickey est légendée « pornographie sentimentale ». De nombreux jeux de sens s’opèrent et laissent place à un art de la formule tournant en dérision la bien-pensance et une certaine culture populaire du XXème siècle. Avec une liberté enfantine, « L’amour toujours » confronte des réalités différentes ne faisant plus qu’une. Arnaud Labelle-Rojoux offre des éclairages inédits à des images, ces dernières accèdent ainsi à un statut paradoxal par décalage, opposition ou assimilation.

Le sommeil
« Le sommeil » illustre sa pratique de la peinture qui mêle l’huile à l’éclat de la bombe aérosol. Nous sommes face à un paysage brumeux au rendu flou, dépeignant un environnement nocturne et arboré s’apparentant à une forêt. Un phénomène presque magique semble se produire sur ces branches. Une atmosphère étrange se dégage de la toile, rehaussée par la brillance de la bombe de peinture aérosol utilisée, créant ainsi une effervescence singulière voire sauvage.

Meow
Le portrait « Meow », peint d’après une photographie de Dima Tolkachov, met en scène une jeune femme dans une posture féline. Si l’effet flou caractéristique du style de Sergey Kononov est toujours présent, « Meow » témoigne de son abandon de la bombe aérosol. Il travaille dorénavant exclusivement à l’huile, avec une palette réduite et un fond monochrome. En découle un travail imprégné d’une vibration similaire à celle de son peintre favori Andrew Wyeth, mais également inspiré par la Renaissance italienne et notamment les nuances et la lumière chez Botticelli.
Par le cadrage serré de ce portrait nous entrons dans l’intimité de ce moment saisissant, qui révèle la fougue d’une jeunesse décomplexée. Une représentation aussi étrange que véhémente, d’un âge charnière, celui du jeune adulte. Cette exaltation sensible fait apparaître un instant qui émane de l’être, une sorte de pulsion animale, ou peut-être un sentiment d’immortalité, celui du chat et ses neufs vies. Il y a dans l’incarnation animale de cette jeune femme une forme de malice, qui semble opérer comme une distorsion du réel.

NGWANA O TSHWANA LE DINALEDI I
Série Her Story

NGWANA O TSHWANA LE DINALEDI II
Série Her Story

Portrait

Prayer

PRUIIT-IGOE
Sans titre
Sans titre
Acquise auprès de la Galerie Loevenbruck en 2021.
Photographie © Fabrice Gousset
Sans titre
Acquise auprès de la Galerie Loevenbruck en 2021.
Photographie © Fabrice Gousset
Sans titre
Sur une toile de Jouy où l’on devine des paysages et des personnages, Antoni Miralda met en scène plusieurs petits soldats en plastique. En cercle, en tas ou en duel, les figurines dessinent ensemble des mises en scène à la fois décoratives et narratives, où se donnent à lire « l’absurdité de toute forme d’autoritarisme et de violence » (Loeve&Co). L’œuvre illustre l’invasion des Soldats Soldés dans la pratique d’Antoni Miralda, au cours des années 1960, quelques années après le service militaire de l’artiste. Artefact de la culture populaire, le soldat en plastique devient un outil de décryptage sociétal. Au sein de mise en scènes absurdes, il met en lumière l’absurdité même de la guerre qu’il évoque.
Photographie (détail) – en attente des droits de diffusion.

Sans titre
Sans titre

Sans titre
Sans titre
Sans titre (ouvre pour Thierry le fruit)

Sans titre (Série Letargo)

Sans titre (Série Letargo)
Sans titres – Série “It’s Hard to Kill”
Fatemeh Baigmoradi a commencé la série It’s Hard to Kill en 2017, motivée par le fait qu’il existe peu de photographies représentant ses parents avant la révolution islamique de 1979 en Iran. À l’aide d’archives familiales d’amis et de voisins, elle reconstitue l’acte de son père, membre du parti Front national d’Iran, qui brûla de nombreuses images représentant sa famille, ses amis et ses collègues, pour éviter des représailles du fait de son lien à ce parti. Cette même expérience est fréquemment partagée par différentes personnes de différentes nations, pendant et après les révolutions sociales.
Sur ces images, les visages et les corps de certains individus s’entourent de lueurs ou disparaissent dans un halo. Ces effets visuels produits par la brûlure soulignent paradoxalement la présence de ces individus et leurs histoires perdues. It’s Hard to Kill montre qu’il est “difficile de tuer” l’Histoire. Émerge alors un récit plus universel sur la perte et la représentation.
Self portrait (why are you telling me about your long-term lover?)
Série “Ceux que nos yeux cherchent” #7
Série “Ceux que nos yeux cherchent” #9
Cette série s’inscrit dans la continuité de son projet photographique “Traverser” initié en 2018, dans lequel Mouna Saboni interroge sa double culture franco-marocaine, et s’inspire de l’histoire du Maroc, de son rapport à cet environnement et des rencontres qu’elle y fait. Avec “Ceux que nos yeux cherchent”, elle pousse plus loin ses réflexions vers des considérations plus universelles en questionnant l’Histoire, l’identité et la mémoire.
Mouna Saboni intègre dans ces œuvres des images d’archives ou des photos d’époque, qu’elle enfouit sous des couches de peinture blanche, et qu’elle vient faire ressurgir en grattant la surface de la matière picturale. Figés dans le temps, les individus présents dans ces images portent des fragments d’histoires oubliées, qui sont réactivés par le geste de l’artiste. Au fil de ce travail, elle peut superposer sa propre histoire, son propre regard et invite le spectateur à faire de même.

SETSHWANTSO LE NGWANAKA II
Série Her Story

Snake
© ADAGP, Paris. Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris.
Speaking through an Object

Tautologia
L’oeuvre « Tautologia » invite à une nouvelle expérience de notre environnement et de notre perception. À l’aide de scotch sur plaque de plexiglas et d’ampoules lumineuses, Osvaldo Gonzalez reconstruit toute une architecture à la lisière du réel. Baignée d’une atmosphère en clair-obscur propice au rêve ou à l’idéalisation d’une réalité, il en émane une grande force poétique. Face à cet escalier, nous nous situons comme au point de départ d’une ascension menant à l’imaginaire ou au spirituel.
The Storm
Vêtue d’un masque à gaz et d’un ample habit, nous retrouvons dans cette figure une réflexion chère à l’artiste : le recouvrement et l’emballage des corps. En cela, « The Storm » est proche de la série « Les Étreintes » où Claire Tabouret décline les êtres masqués en les mettant en scène recouverts de latex, pour mieux révéler leurs présences sous cette seconde peau, sur fond de paysages indistincts. L’artiste véhicule l’idée que de la disparition – ici le masquage du corps – émerge une nouvelle apparition. Ce personnage nous apparaît alors comme surgissant d’une histoire enfouie, que Claire Tabouret cherche à réécrire et réactiver dans un espace-temps ambigu. Peut-être s’agit-il de l’histoire de cette figure qui obsède l’artiste : Isabelle Eberhardt (1877-1904), écrivaine suisse d’origine russe. Cette dernière adopta des identités multiples en entretenant une ambiguïté de genre, elle signait d’un nom d’homme ou d’un nom de femme, et s’habillait comme un homme, à l’image du personnage de “The Storm” dont l’allure à la fois masculine et féminine sème le trouble. Cette œuvre qui évoque l’asphyxie et l’engloutissement trouve également un écho dans les circonstances de la mort d’Isabelle Eberhardt en Algérie, noyée et enterrée sous l’écroulement de sa maison en terre lors d’un orage ayant provoqué inondation et torrent de boue. À travers ce personnage énigmatique et conquérant, l’artiste explore les questions d’identité et d’intimité.
Yogi Gaga
