IMMORTELLE – Exposition sur la peinture figurative française au MO.CO.

Du 11 mars au 04 juin 2023, le MO.CO. présente « Immortelle. Vitalité de la jeune peinture figurative française », une exposition consacrée à la peinture figurative française des trente dernières années. À cette occasion, la collection Francès voyage à travers le prêt d’une œuvre : Jasper Johns (2020) de Youcef Korichi.

L’exposition « Immortelle » propose un ambitieux panorama de la jeune peinture figurative française avec plus de 120 artistes et 350 œuvres partagées entre le MO.CO. et le MO.CO. Panacée. Au MO.CO. sont présentés des artistes emblématiques de la scène française, nés de  1970 au début des années 1980. Ce volet réunit 90 artistes et accueille plus de 250 œuvres. Il entend « rendre hommage à la peinture, dans sa part physique, matiériste, érotique, romantique. » Au MO.CO Panacée, c’est une nouvelle génération qui est mise à l’honneur, à travers plus de 100 œuvres et 33 artistes revisitant les grands genres traditionnels.

L’exposition présente un large éventail de pratiques qui partagent néanmoins un point commun, « ce désir, revenu du fond des grottes, » un désir de peinture, une manière d’être au monde.

 

« Faire trace, faire peinture. Passer la réalité au prisme de la poésie, de l’imaginaire, de la mémoire. Réinventer. Révéler. C’est l’histoire du corps de leurs œuvres pénétrant celui du spectateur et déversant en lui l’histoire de milliers d’autres corps, eux-mêmes traversés par l’amour, la violence et la mort. »

– Amélie Adamo

 

Dépréciée, dévalorisée depuis le XXe siècle, la peinture figurative en France connaît sans doute aujourd’hui un nouvel âge d’or. Comme le souligne Numa Hambursin dans le catalogue de l’exposition, elle traverse un “trou noir” dans les années 1990 et 2000, rejetée par nombre d’institutions, critiques, artistes. Elle est jugée passéiste, réactionnaire. On pointe son prétendu manque de modernité et l’on décourage les jeunes artistes qui voudraient devenir peintres.

 

« Il fallait dire tout bas qu’on était peintre, surtout figuratif. En 2008, en France, il y avait les peintres d’un côté, les artistes de l’autre. »

– Giulia Andreani, peintre

 

Pourtant, malgré cette « hostilité assumée » (Numa Hambursin), la peinture figurative française résiste, les peintres continuent de produire des chefs d’oeuvres, soutenus par les galeries et quelques critiques d’art. Aujourd’hui, elle prospère et l’exposition du MO.CO. témoigne de sa vitalité ininterrompue.

Parmi les artistes exposés, Guillaume Bresson, Oda Jaune, Stéphane Pencréac’h, Nazanin Pouyandeh, Claire Tabouret, Ida Tursic et Wilfried Mille ou encore Youcef Korichi, autant de noms qui résonnent avec la collection Francès. Depuis plusieurs années maintenant, la peinture figurative fait l’objet de plusieurs acquisitions, parmis les plus récentes on retrouve Jasper Johns de Youcef Korichi, actuellement prêtée pour l’exposition « Immortelle ».

 

ZOOM SUR JASPER JOHNS (2020) DE YOUCEF KORICHI 

Né en 1974 à Constantine (Algérie), Youcef Korichi vit et travaille à Paris. Après une période expressionniste, les œuvres picturales de Youcef Korichi réinvestissent photographies et images existantes. Entre précision et dilution du motif, hyper-réalisme et invention formelle, sa technique se renouvelle continuellement, s’ajustant au sujet choisi. Il « ne commence jamais bille en tête, » confie l’artiste. « C’est en peignant qu’apparaissent la facture et le sens du tableau. » À partir du modèle photographié, l’artiste recadre, recompose et réinterprète le sujet. Refusant la facilité, il inscrit sa pratique dans un temps long apposant chaque aplat, chaque touche de peinture et détail consciencieusement. Il introduit des décalages, des dissonances qui perturbent l’appréhension de l’espace pictural, des volumes et des surfaces. Il « fouille les effets de surface, les textures et les dermes » et révèle les « multiples « peaux » que présentent les choses » (Colin Lemoine). Approche tactile de la réalité, la peinture de Youcef Korichi ne cesse d’interroger ses propres limites.

Dans Jasper Johns, l’artiste portraiture le silence et l’ennui de la figure éminente du Pop Art américain. Jasper Johns est peint et repeint jusqu’à l’effacement sur quatre toiles différentes.  Son image et sa silhouette se diluent progressivement dans la matière picturale. L’ensemble a été réalisé à partir d’une photographie prise à l’occasion du vernissage de l’exposition de Niki de Saint-Phalle à la Galerie J. à New York. Au moyen d’une mise au carreau, l’artiste Youcef Korichi agrandit le modèle original, le répète et le déconstruit au sein d’une succession de toiles. Le corps se fait prisonnier de la matière, oscillant entre apparition et dilution. Le flou à l’œuvre dans la photographie originale est rejoué et exacerbé pour plonger le spectateur au cœur d’un jeu de surfaces et textures, au plus près de la matière. Le détournement du corps-image dépasse le stade de la citation pour incarner une technique, la peinture, “vrai sujet” que l’artiste explore inlassablement.

L’œuvre acquise en 2022 auprès de la Galerie Suzanne Tarasieve était présentée au sein de la trentième exposition de la Fondation Francès, « Tous ces regards me détournent moi », ouverte jusqu’au 12 mai 2023 à Clichy. Celle-ci met à l’honneur la peinture figurative et s’articule autour d’un sujet à la fois familier et multiple, le corps et ses images. Pour plus d’informations sur l’exposition, consultez notre dossier de presse.

 

Pour plus d’informations concernant l’exposition “Immortelle” au MO.CO. : cliquez ici.

 

L’exposition “Tous ces regards me détournent de moi” à Clichy est ouverte jusqu’au 12 mai 2023, visite uniquement sur réservation  en ligne !

Pour réserver votre visite à la Fondation Francès à Clichy : cliquez ici

 

Image : Youcef Korichi, Jasper Johns, 2020. Huile sur toile ; 195 × 97 cm. Collection Francès.