La loi normale des erreurs, une vision de la spoliation du patrimoine pendant la période du nazisme

Le marché de l’art fut pendant la seconde guerre mondiale, le théâtre d’un mouvement constant, dénaturant l’art moderne au profit de l’appellation « d’art dégénéré ». Ce terme résonne comme étant jugé d’anti-art, impur. Persécutant la mémoire d’artistes au moyen d’une communication politique culturelle, visant un contrôle systématique. L’objectif étant d’instaurer un « art héroïque », revenant à la beauté classique, s’éloignant des traits déviants et expérimentaux attribués aux modernes.

Dans ce mouvement perpétuel et cet affranchissement du renouveau, le régime nazi organisa dés 1933 et jusqu’en 1945 un plan de spoliation d’œuvre à une échelle internationale. En effet, le régime pilla les collectionneurs juifs ainsi que des galeries et des musées à des fins culturelles et économiques. Le régime de Vichy ayant grandement contribué à cet acte de spoliation et à la destitution d’un patrimoine national,  excluant ainsi les juifs de la société et de l’économie artistique.

La fin de la guerre signa naturellement le début de la restitution des œuvres. Ce travail de grande ampleur s’étendra sur plusieurs décennies avec comme difficulté d’identifier l’œuvre et son propriétaire. Ce constat offre plusieurs problématiques, notamment sur l’intérêt de la recherche, l’importance de sa restitution ainsi que sa signification.

C’est au travers de ce devoir de mémoire complexe et souvent éprouvant que pour la troisième année consécutive, l’Institut national d’histoire de l’art organise un séminaire sur le Patrimoine spolié pendant la période du nazisme (1933-1945). Se déroulant d’octobre à décembre 2021, les thématiques des conséquences, de la mémoire et des traces de la spoliation seront au cœur de ce cycle. L’occasion pour l’artiste-plasticien Raphaël Denis d’intervenir le 10 novembre afin de présenter et développer son œuvre sous le nom de La Loi Normale des Erreurs débutée en 2014. Ces installations représentent la série de spoliation ayant eu lieu en France, marquant cette thématique par l’absence via ces nombreux tableaux retournés faisant face à un inconnu. Ces cadres aux dimensions multiples nous évoquent les réelles œuvres spoliées. Egalement, la disposition n’est pas anodine, elle nous ramène dans les zones de stockage, lieu de jugement des œuvres, détruites ou récupérées par de hauts dignitaires nazis. Mêlé à un important travail d’archives, cette œuvre constitue une démarche artistique encrée dans le monde de la recherche historique. En effet, l’artiste inscrit derrière les tableaux le numéro d’inventaire, originellement apposé par l’administration nazie. Ce numéro prend la place l’œuvre, occultant la démarche artistique. S’ensuit la notice de l’œuvre ainsi que sa photographie.

 

Informations pratiques

Mercredi 10 novembre
18h30 à 20h
INHA, galerie Colbert, auditorium Jacqueline Lichtenstein

Entrée libre dans la limite des places disponibles sur présentation d’un pass sanitaire valide

Télécharger le programme du séminaire

 

Pour en savoir plus :

https://agenda.inha.fr/events/la-loi-normale-des-erreurs

 

Visuel : Raphaël Denis, La loi normale des erreurs, 23 cadres anciens, graphite sur bois et huile sur toile, pièce unique, 193 x 613  cm © Collection Francès