CAHN Miriam - Übermalfreude

“Miriam Cahn. Ma Pensée Sérielle” – Exposition au Palais de Tokyo

 

Jusqu’au 14 mai 2023, le Palais de Tokyo présente “Miriam Cahn. Ma pensée sérielle”, première grande rétrospective consacrée au travail de l’artiste dans une institution française. L’exposition réunit plus de 200 œuvres de 1980 à nos jours.

Miriam Cahn est née à Bâle en 1949. Dès ses études à la Gewerbschule, elle “pose les bases de son œuvre qu’elle envisage comme un site de résistance individuelle et de dissidence”. Dans ses toiles et dessins, l’artiste “met sur pause le flux des images volatiles de l’actualité politique et s’en saisit pour témoigner, résister, incarner”. Ses sujets puisés dans l’actualité et l’histoire traduisent des émotions indicibles, violentes et traumatiques. Comme le précisent les co-curatrices Emma Lavigne et Marta Dziewanska, “son œuvre se fait la caisse de résonance des conflits contemporains et de leur médiatisation.” Plutôt que répondre au choc que provoquent souvent les images de guerre sur-médiatisées, l’artiste propose des temps d’arrêt, des méditations agitées sur la souffrance humaine et la violence. Son oeuvre entend rendre compte, incarner les tragédies individuelles de ces dernières décennies.

 

Une “pensée sérielle”

 

« Une exposition est une œuvre en soi et je l’envisage comme une performance »

–  Miriam Cahn

 

Au Palais de Tokyo, les techniques, les formats, les sujets s’entremêlent et dialoguent pour former une “totalité organique”. Comme le souligne le titre de l’exposition, elle présente des séries, des “clusters”, selon ses termes, autour de différents sujets :  l’image de la femme, la violence en temps de guerre ou encore des paysages et de la nature.

 

« J’aime montrer, sans hiérarchie de dates, le dessin et la peinture, le tout petit format et la grande toile. »

 

Comme à son habitude, l’artiste présente ses œuvres à hauteur du regard, engendrant un face à face plus direct entre les corps des spectateur et ceux représentés. Ces derniers épousent les courbes du bâtiment et esquissent un espace intime, où se déploie l’écriture singulière de l’artiste, une “écriture corporelle”.

 

“L’écriture corporelle” de Miriam Cahn

 

Au cœur de son œuvre se trouve le corps, en premier lieu le sien, puis ceux qu’elle dessine et peint, nus et diaphanes, baignant dans des couleurs vives et éclatantes. La pratique de Miriam Cahn est performative, elle s’articule autour de sa propre vie, de ses émotions, de son corps.

“Mon corps, ma pensée, mon sexe, ce que je suis au moment présent, la manière dont je vis font mon œuvre”.

Son propre corps devient à la fois outil et sujet de représentation, notamment lorsqu’elle peint et dessine de grands formats au sol. Son geste, parfois véhément, se lit en creux dans les contours brouillés de ses figures. L’artiste gomme les traits du visage et l’individualité des personnages représentés. Elle estompe les frontières entre intérieur et extérieur. Les figures troubles excèdent leurs limites physiques pour se placer entre effacement et apparition, entre individu et universel.

Dans la collection Francès, Übermalfreude, actuellement exposé à la Fondation Francès à Clichy, l’illustre assez bien. Le corps toujours nu, diaphane apparaît ici crispé, allongé sur une étendue liquide rougeâtre. Vulnérable, il déborde, son agonie dépasse l’expression physique pour se répercuter sur le paysage, sur son environnement. Ses traits sont estompés, son identité effacée, générique. Ce corps vulnérable s’ouvre aux autres. Sa douleur résonne et accueille d’autres potentielles tragédies individuelles.

Fragiles, fuyants, les corps qu’articulent Miriam Cahn traduisent et incarnent des émotions indicibles. Ils sont les supports d’un regard porté sur les guerres et violences contemporaines. Des subjectivités meurtries cherchant l’hospitalité et l’empathie du collectif.

 

Pour plus d’informations concernant l’exposition au Palais de Tokyo : cliquez ici

 

Visuel : Miriam Cahn, Übermalfreude, 2013. Huile sur toile ; 160 x 85 cm. Collection Francès. Courtesy de l’artiste et de la galerie Jocelyn Wolff.

 

 


EN CE MOMENT À LA FONDATION FRANCÈS

 

    • Jusqu’au 12 mai 2023 : “Tous ces regards me détournent de moi” à la Fondation Francès à Clichy (21 rue Georges Boisseau). Cette trentième exposition met à l’honneur la peinture figurative et s’articule autour d’une sujet à la fois familier et multiple : le corps et ses images. Au coeur de l’exposition, Übermalfreude de Miriam Cahn dialogue avec d’autres corps encore, certains peints, d’autres sculptés par des artistes tels que Shirley Villavicencio Pizango, Alin Bozbiciu, Lynette Yiadom-Boakye, Kehinde Wiley ou encore Nicola Samori.

L’exposition est gratuite. Elle est accessible uniquement sur réservation en ligne. Réservez votre place dès maintenant, en cliquant ici

 

    • Jusqu’au 28 avril 2023 : “Hors d’oeuvre n°2” à la Fondation Francès à Senlis (27 rue Saint-Pierre). “Hors d’œuvre” est une mise en appétit, une entrée en matière dans la collection, dévoilée par petites touches. Ce cycle d’exposition propose à chaque volet, un focus sur quelques oeuvres de la collection réunies autour de notions et réflexions communes. Ce deuxième volet présente les travaux de trois artistes : les histoires miniaturisées de Oana Farcas, les toiles et valises interdites de Nasser Bakhshi et les photographies calcinées de Fatemeh Baigmoradi.

L’exposition est ouverte du mercredi au samedi de 11h à 19h. Pour plus d’informations concernant l’exposition, cliquez ici.