Le jardin de la fondation Francès

 

Les premiers écrits consacrés au site de la Fondation remontent au XVème siècle. Trois cent ans plus tard, l’illustre chanoine Charles-François Afforty y vécut 3 ans, de 1747 à 1750. Érudit, chercheur, il analyse inlassablement les archives et en constitue. Cette maison, ainsi que son jardin, fut la première qu’il habita lors de son arrivée à Senlis lorsqu’il devint doyen de Saint Rieul.

Afforty rassemble, copie et compile en 27 volumes les lettres, la généalogie, des listes de noms provenant de la ville, des abbayes et monastères de la région. C’était également un collectionneur avisé d’après l’inventaire dressé après sa mort : de nombreux tableaux sont comptabilisés, des pièces de monnaies, des médaillons, ainsi que des armoires pleines de documents et de livres. Il est aussi tout à fait plausible d’imaginer le chanoine prendre le temps de ses recherches dans le jardin de la fondation.

Celui-ci s’ouvre naturellement à la contemplation sur toute la longueur de son bâtiment. Comme la plupart des jardins privés du centre ville de Senlis, il se niche derrière la bâtisse qui l’accueille et offre un point de vue exceptionnel sur la Cathédrale Notre-Dame. Un puit avec sa tonnelle d’origine ponctue la terrasse pavée. Des plantes et de nombreux arbres présents, plantés depuis de nombreuses années, composent ce jardin plaisir.
Mais ce n’est pas uniquement un agrément, puisqu’il permet à la fondation de s’étendre sur un espace alternatif, pour l’exposition des œuvres de la collection Francès.

La fondation est un lieu d’exposition pour cette collection concentrée sur l’art contemporain. D’une blancheur immaculée, mais sans être pour autant dénué de chaleur, ses espaces intérieurs s’associent avec le jardin. Comme un prolongement ou une complémentarité des lieux. Même si cette complémentarité s’observe dans une opposition d’appréhension. Car ces espaces sont deux environnements induisant, pour le public face à l’œuvre, une compréhension et des sensations différentes. Une sculpture n’aura pas le même éclat si elle est observée à l’extérieur et sa conservation sera précaire. À l’intérieur elle peut bénéficier d’un éclairage adéquat et valorisant. Néanmoins, la lumière naturelle du jour et les aléas de la nature apportent aussi une autre perception de l’œuvre. Celle-ci se fond et opère des transformations dans le paysage arboré et verdoyant du jardin, l’accompagnant à travers les rythmes des différentes saisons. La nature est un nouvel élément qui nous échappe et qui s’approprie l’œuvre : l’air, le vent, les oiseaux, la végétation…

L’exposition d’œuvres dans le jardin d’un centre d’art apporte ainsi de nouvelles sensations, de nouvelles émotions. C’est un équilibre à trouver entre un bâtiment souvent type « white cube » et l’espace végétal. Mais aussi la possibilité d’y voir s’établir des œuvres monumentales ou en symbiose directe avec la nature.

Le jardin de la fondation Francès accueille de nombreux évènements. Ouvert toute l’année, il s’offre surtout à la belle saison en accord avec les festivités de la ville de Senlis : le « Salon du Jardin » en mars, « Senlis fait son Théâtre » en avril-mai, les « Rendez-vous aux Jardins » en juin, les « Journées Européennes du Patrimoine » en septembre et toute l’année avec les expositions et les résidences d’artistes accueillies au sein de la fondation.

Actuellement, et pour une durée indéterminée, Clément Borderie, artiste français, a installé deux œuvres en métal évolutives dans le jardin, tandis que Charles Le Hyaric, jeune artiste français en résidence avec l’association Françoise pour l’œuvre contemporaine créé une œuvre végétale in situ visible de juin à décembre 2019. Ces deux projets permettent aux artistes d’expérimenter leur travail sur un territoire et le faire connaitre auprès de tous.

 

Visuel : Charles Le Hyaric, De la Nature des Choses, 2019, installation in situ, matériaux mixtes, dimensions variables, © Françoise pour l’œuvre contemporaine