« L’amour toujours » – Arnaud Labelle-Rojoux #Acquisition

La pratique artistique d’Arnaud Labelle-Rojoux ne peut-être définie et réduite en une seule forme, elle est multiple et recouvre à la fois le dessin, le collage, la sculpture et la performance ou l’art-action dont il est acteur et théoricien. Il a également une importante pratique d’écriture.

Par la production d’images, de textes ou de slogans, ses œuvres s’élaborent en décalage, par accumulation, superposition, équilibre subtil entre un registre absurde et poétique, où les manipulations des mots, des représentations et des signes abondent. Son art questionne le statut de l’oeuvre, en confrontant « une médiocrité assumée » à une « haute culture », la littérature côtoie ainsi la caricature, la pop culture côtoie l’histoire de l’art, les formes deviennent à la fois grotesque et ironique. Il puise ses références dans la mémoire collective et l’anecdote. Il détourne ainsi le réel et ses images, et les ébranle avec humour comme en témoigne « L’amour toujours ».

 

Non sans une certaine effronterie, il y a une nature composite dans son travail, que l’on retrouve dans sa série de collage « L’amour toujours », datant de la fin des années 1970.

Elle s’apparente à un détournement satirique ou artistique d’images liées à « l’amour » ou à la sexualité, présentent dans des publications d’époque, publicités, photographies, ou illustrations. Il les extraient de leurs contextes d’origine pour en faire sept collages, dont plusieurs représentations de femme : la mariée, la lesbienne, la Vierge, la danseuse gitane, entre autres. D’autres images, des dessins et des légendes, sont associés à cette collecte et viennent perturber le sens.  Cet agencement de différents éléments ouvre une lecture quasi anachronique. Une femme nue sur une plage est auréolée comme la Sainte Vierge, un dessin de mode représentant une femme à la coupe garçonne est titrée « je suis lesbienne et… et alors ? », le Journal de Mickey est légendée « pornographie sentimentale ». De nombreux jeux de sens s’opèrent et laissent place à un art de la formule tournant en dérision la bien-pensance et une certaine culture populaire du XXème siècle. Avec une liberté enfantine, « L’amour toujours » confronte des réalités différentes ne faisant plus qu’une. Arnaud Labelle-Rojoux offre des éclairages inédits à des images, ces dernières accèdent ainsi à un statut paradoxal par décalage, opposition ou assimilation.

 

Arnaud Labelle-Rojoux

« L’amour toujours », 1979

Collage et crayon de couleur sur papier

© ADAGP, Paris. Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris.