Hors-les-murs. Eva Jospin au Palais des Papes

Du 30 juin 2023 au 7 janvier 2024, le Palais des Papes d’Avignon accueille, pour sa grande exposition annuelle, les travaux d’Eva Jospin au sein de “Palazzo”. Une occasion de découvrir l’œuvre onirique et déroutante de l’artiste au sein d’un monument culturel majeur.

 

Le Palais des Papes d’Avignon

 

En 1305, le pape français Clément V est élu et s’installe à Avignon, à la demande de Philippe le Bel. Entre 1309 et 1378, le pape et sa cour sont installés dans le sud de la France au lieu de Rome, avant qu’une cohabitation entre les deux villes se mette en place avec le Grand schisme d’Occident entre 1378 et 1418. 

Le Palais est composé de deux bâtiments, le palais vieux situé sur le rocher des Doms, austère par la confession cistercienne de son pape, et le palais neuf, le plus grand édifice gothique, extrêmement luxueux, et un des rares exemples de l’époque de la Grande Peste.
Le palais neuf est un des plus internationaux qui existe, avec l’intervention d’artistes et architectes venus de toute part, entre la France, l’Italie, l’Espagne, l’Écosse et la Bohème. 

Depuis l’ouverture du monument au public, puis à la mise en place de ce qui deviendra plus tard le Festival d’Avignon en 1947, la Grande Chapelle du Palais accueille chaque année des grandes expositions d’art contemporain, notamment dédiées à des figures de renom (René Char, Douglas Gordon, Picasso…). Construite à partir de 1335, la Grande Chapelle fascine par sa monumentalité et son faste. 

Cette année, Eva Jospin investit plusieurs espaces du Palais pour proposer une déambulation captivante au sein de ses réalisations, qui résonnent dans leur présence et conception avec l’histoire même du lieu.

 

“Palazzo”, un ensemble de mondes pour raconter le Palais

 

Réparties dans plusieurs salles du Palais, les sculptures d’Eva Jospin deviennent de plus en plus imposantes au fil du parcours, se concluant au sein de la Grande Chapelle. 

Voguant entre des grottes aux concrétions minérales, des architectures imaginaires comme abandonnées et des forêts, ses œuvres racontent des micro-récits au sein d’un lieu pétri par l’histoire et la spiritualité.

 

« C’est un palais qui a été construit vite, ce qui est rare : un geste de pouvoir s’est concentré dans le temps. Mes œuvres viennent épouser l’architecture afin de la rendre visible sans la masquer, sans chercher à adapter ce lieu aux codes de la monstration contemporaine. »

Eva Jospin, entretien avec Pierre Wat pour le catalogue de l’exposition, Éditions Gallimard.

 

Elle miniaturise des espaces impossibles, des écrins propices aux rêves et à la déambulation, permis par le parcours de l’exposition. Toujours à l’aide de carton, elle conçoit des lieux de transition entre la froideur de la pierre des fondations du Palais et l’humidité des grottes qu’elle confectionne dans des dimensions monumentales et pourtant plus petites que nature. 

 

L’œuvre d’Eva Jospin, des nouveaux mondes à créer

 

Née en 1975 à Paris, France, Eva Jospin vit et travaille à Paris, France.

À l’aide de carton alvéolé, Eva Jospin façonne des décors et sculptures monumentales, des paysages oniriques et constructions imaginaires, inspirés par la nature et certains pans de l’histoire de l’art. Mêlant grandeur et minutie, nature et culture, son usage du carton remonte à ses anciens rêves de scénographe, ceux d’une matière première à moindre coût, facilement destructible. “Désacralisé, pratique”, le matériau est magnifié par la forme, par les plis, les découpes, les superpositions et autres manipulations de l’artiste. À travers ce médium phare, mais également le dessin et même la broderie, Eva Jospin cartographie et “bâtit” des sites imaginaires, des cavernes, des théâtres mais surtout des forêts, motif matriciel, à la fois lieu d’abandon, parfois de crainte mais surtout lieu d’imaginaire. Denses et mystérieux, ses paysages fantastiques explorent par strate les forces de la nature et conjuguent habilement rêve et tradition. Sans humains, animaux, ni couleurs, ils invitent à la contemplation et à la rêverie, égarant notre esprit dans les contrées d’un territoire surréel.

Pour l’exposition “Palazzo”, la Fondation Francès prête l’œuvre Forêt Corinthienne à la ville d’Avignon. Mesurant plus de 2 mètres de haut, cette sculpture en carton, papier coloré et bois met en forme une grotte, sorte d’habitat troglodytique qui mêle de la roche et de la végétation, un lierre qui viendrait dissimuler des arches antiques aux chapiteaux corinthiens, un vestige irréel emprunt des passages d’un temps fictif, créé de toute pièce par l’artiste. L’œuvre s’articule autour d’escaliers menant vers des passages inconnus, des cavités à explorer, toutes sortes d’univers qu’Eva Jospin nous invité à découvrir le temps de cette exposition.

 

 

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Visuel : Eva Jospin, Forêt Corinthienne, 2019 – 2023. Carton, papiers colorés et bois ; 228 x 135 x 100 cm. Collection Francès.