“Femmes guerrières, Femmes en combat” – EXPOSITION À LABANQUE DE BÉTHUNE

 

Du 4 février au 2 juillet 2023, l’exposition “Femmes guerrières, Femmes en combat” prend place à Labanque à Béthune, faisant suite à une première exposition éponyme à la Topographie de l’Art à Paris en 2022. L’exposition réunit 11 artistes femmes aux pratiques artistiques plurielles, sous le commissariat de l’historienne de l’art Isabelle de Maison Rouge, et sur une proposition de l’artiste plasticienne Isabelle Lévénez.

 

Une image de la “combattante” repensée

 

Se déploie une exposition qui vise à rendre visibles celles qu’on appelle des “indociles”, qui prennent une part active à l’action sociale et politique dans un espace public qui leur a été, pendant des siècles et encore aujourd’hui, hostile. 

Le rôle de la combattante décide de s’émanciper d’un idéal fantasmé (et ironiquement craint) masculin auquel il est rattaché, comme si la femme au combat ne pouvait être imaginée qu’à travers le prisme du male gaze, comme s’il n’était pas possible de l’envisager autrement que comme une usurpation des prérogatives masculines, dans un pendant obsessionnel pour la virilité, comme le souligne Isabelle de Maison Rouge. 

 

« Il fût, dans tous les temps et dans toutes les nations, des femmes remarquables par leur courage et leur détermination dans des circonstances exceptionnelles et mouvementées, notamment dans les guerres. »

–  Extrait du “Petit Dictionnaire des femmes guerrières”

 

L’exposition se veut comme un hommage – “femmage” préfère ORLAN – à toutes les femmes artistes, plus globalement aux femmes iraniennes, aux femmes ukrainiennes et à toutes les combattantes d’hier et d’aujourd’hui, et plus particulièrement à la mémoire d’Isabelle Lévénez, qui lève le camp en 2020 dans des conditions tragiques.

 

Interroger le libre-arbitre féminin chez Rachel Labastie

 

Née en 1978 à Bayonne, Rachel Labastie vit et travaille à Bruxelles.

Diplômée de l’École Nationale Supérieure d’art de Lyon, elle a vécu une majeure partie de son enfance dans une secte dite “apocalyptique”, et cette expérience a modelé son travail basé sur les thèmes de l’enfermement, des addictions et d’aliénations.
Rachel Labastie étudie les travers, la perte de valeurs associées au bien-être, à l’épanouissement de soi et qui se traduisent aujourd’hui par la prise, notamment, de nombreux placebos. Ses œuvres d’une impressionnante finesse traduisent en réalité le poids des blessures, celles de l’âme, de l’enfermement, et du doute. Rachel Labastie s’insurge à travers son œuvre contre des composantes directes de notre société, et souhaite en proposer une relecture, une ré-interprétation, une ré-invention.

Présentée dans l’exposition avec Les Éloignées, elle investit les archétypes et imaginaires collectifs à travers le matériau fragile qu’est la porcelaine, et propose un jeu sur l’ambiguïté de formes à la fois séduisantes et dérangeantes. Elle réalise ses pièces avec grande minutie, et travaille entre autres sur les portraits de prisonnières pour les réhabiliter dans la société, avec une volonté de mettre ces “éloignées” de la société au centre.
Dans la collection Francès, son oeuvre Entraves (2) remploie cette même typologie et présente deux sculptures en porcelaine de menottes, dans un blanc aussi pur que des bijoux, mais qui revêt cette idée bien plus crûe de l’enfermement, voire de la torture, l’idée d’un libre-arbitre illusionniste. 

 

La femme au premier plan chez Nazanin Pouyandeh

 

« Je défends une liberté absolue et l’imaginaire et l’inconscient collectif comme sources. J’ai toujours peint l’être humain libre, la femme est omniprésente dans ma peinture car j’en suis une. »

–  Nazanin Pouyandeh, 12 octobre 2022 dans une tribune parue dans Le Monde dénonçant l’oppression des femmes iraniennes

 

Née en 1981, à Téhéran, en Iran, Nazanin Pouyandeh vit et travaille à Paris.

Elle quitte l’Iran pour la France en 1999, quelques mois après l’assassinat de son père, écrivain et défenseur des droits de l’Homme, par la police politique iranienne. À Paris, elle étudie à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, dans l’atelier de l’artiste néerlandais Pat Andrea qui la convainc de transposer sa pratique du collage en peinture. 

Paysages mentaux ou portraits de notre époque, ses œuvres révèlent un monde à la fois familier et onirique, figé hors du temps, “un genre de réalisme décalé, manipulé” (Nazanin Pouyandeh), jouant de l’étrange et du trouble. Les personnages, réalisés à partir de modèles vivants, adoptent des postures éloquentes qui, partagées entre violence et sensualité, explorent les différents “affects, sentiments et instincts primitifs” animant l’être humain. 

À la manière d’un collage, Nazanin Pouyandeh les insère dans un décor construit de toute pièce, où se juxtaposent des motifs hétéroclites provenant aussi bien de tableaux de la Renaissance que de miniatures persanes. Les inspirations et références s’entremêlent pour composer un “patchwork de cultures et de rencontres” nourri par l’imagerie populaire, l’histoire de l’art, les expériences personnelles de l’artiste et ses nombreux voyages.

Dans “Femmes guerrières, Femmes en combat”, Nazanin Pouyandeh est représentée par son huile sur toile Le Soulèvement des âmes noires, dépeignant un paysage imaginaire et torturé dans lequel prend place une confrontation entre un groupe de femmes vêtues de noir et une immense représentation féminine nue qui leur fait face, l’air interrogateur. Les femmes sont le sujet principal de ses toiles, et prennent ici le rôle de guerrières portant tee-shirt, robes, pantalons, baskets, comme un portrait moderniste d’une lutte qui semble ancestrale. 

Nazanin Pouyandeh est en ce moment présentée au sein de deux expositions de la Fondation Francès, le Hors d’Oeuvre n°2 qui présente Bête à Deux Têtes, et l’exposition Tous ces regards me détournent de moi présentée à Clichy, avec l’oeuvre Les Lutteurs.
Dans ces deux huiles sur toiles, Nazanin Pouyandeh met un point d’honneur à placer les figures féminines au premier plan, dans un cadre resserré et intime dans Bête à Deux Têtes avec deux femmes représentées sur le point de s’embrasser, ou encore dans des rapports presque charnels emprunts de mimétisme dans Les Lutteurs, avec ces deux femmes entourées de références à l’histoire de l’art.

 

Pour plus d’informations concernant l’exposition : cliquez ici

 

Visuel : Nazanin Pouyandeh, Bête à deux têtes, 2020. Huile sur toile ; 35 x 27 cm. Collection Francès. 

 

 


EN CE MOMENT À LA FONDATION FRANCÈS

 

    • Jusqu’au 12 mai 2023 : “Tous ces regards me détournent de moi” à la Fondation Francès à Clichy (21 rue Georges Boisseau). Cette trentième exposition met à l’honneur la peinture figurative et s’articule autour d’une sujet à la fois familier et multiple : le corps et ses images. Au coeur de l’exposition, Les lutteurs de Nazanin Pouyandeh dialogue avec d’autres corps encore, certains peints, d’autres sculptés par des artistes tels que Shirley Villavicencio Pizango, Alin Bozbiciu, Lynette Yiadom-Boakye, Kehinde Wiley ou encore Nicola Samori.

L’exposition est gratuite. Elle est accessible uniquement sur réservation en ligne. Réservez votre place dès maintenant, en cliquant ici

 

    • Jusqu’au 28 avril 2023 : “Hors d’oeuvre n°2” à la Fondation Francès à Senlis (27 rue Saint-Pierre). “Hors d’œuvre” est une mise en appétit, une entrée en matière dans la collection, dévoilée par petites touches. Ce cycle d’exposition propose à chaque volet, un focus sur quelques oeuvres de la collection réunies autour de notions et réflexions communes. Ce deuxième volet présente les travaux de plusieurs artistes : Bête à deux têtes de Nazanin Pouyandeh, les histoires miniaturisées de Oana Farcas, les toiles et valises interdites de Nasser Bakhshi et les photographies calcinées de Fatemeh Baigmoradi.

L’exposition est ouverte du mercredi au samedi de 11h à 19h. Pour plus d’informations concernant l’exposition, cliquez ici.