Hors d’œuvre n°3

Durant toute l’année 2023, la Fondation d’entreprise Francès présente « Hors d’œuvre », un cycle d’expositions offrant de nouveaux éclairages sur une sélection d’œuvres issues de la collection Francès.

“Hors d’œuvre” est une petite fenêtre ouverte sur la collection, une mise en appétit dévoilée par petites touches. Elle propose à chaque volet un focus sur quelques œuvres de la collection réunies autour de notions et réflexions communes.

Ce troisième volet explore des espaces transitoires menacés par leur disparition, des ruines contemporaines captées et mises en scène par trois artistes : Alejandro Campins, Osvaldo Gonzalez et Loris Gréaud. À travers photographie, peinture, résine moulée ou encore Scotch sur plexiglass, les trois artistes investissent des lieux marqués par le passage du temps, des espaces instables en proie à une transformation.

Tautologia d’Osvaldo Gonzalez, est un écran opaque, un plexiglass recouvert de ruban adhésif d’emballage, qui, une fois éclairé, révèle une volée d’escalier illuminée par une fenêtre. Cette architecture intérieure s’apparente à un mirage, une impression transitoire dans l’attente continue d’être activée. En perpétuel mouvement, elle ne cesse de nous échapper, se renouvelant continuellement selon l’éclairage qui l’entoure.

Dans la série Letargo, ensemble de photographies et de peintures réalisé par Alejandro Campins, les architectures sont cette fois-ci laissées à l’abandon. Qu’il s’agisse de  maisonnettes ou de constructions brutalistes, les espaces sont vidés de toute présence humaine et sont progressivement recouverts par le paysage naturel qui les entoure. En passe de changer d’état, ces ruines architecturales sont laissées en suspens, enfermées dans une ambiguïté temporelle où s’esquisse la notion d’entropie.

Dans l’œuvre d’Underworks – Black Edit, réalisée par Loris Gréaud, cette notion s’affirme par la captation du tumulte du paysage. La résine utilisée par l’artiste est modelée sur les fissures et déflagrations du sol après l’explosion de feux d’artifices sous terre. L’œuvre en conserve les traces, l’empreinte, devenant à son tour le fossile d’une destruction programmée. Réalisée en  2008-2010, cette poésie d’un chaos calculé est cultivée dans des œuvres plus récentes comme le « monument anthropocène » /dʌv/ [dove], œuvre in situ réalisée par l’artiste au Domaine de Frapotel, questionnant les conséquences de la prééminence de l’espèce humaine sur Terre.

Constructions laissées à l’abandon, empreintes d’explosions calculées, les ruines contemporaines présentées à la Fondation Francès sont désertes, les êtres humains peinent à y trouver leur place. Elles s’inscrivent dans un mouvement presque « anthropofuge » qui comme le définit Thomas Schlesser « désaxe le regard pour l’inviter à voir, ou ressentir, un univers dont l’humanité est écartée et même tout à fait exclue », interrogeant par prolongement à la fois l’hégémonie et la précarité de notre présence dans le monde.

 

Infos pratiques : 

  • Hors d’œuvre n°3 – Du 10 juin au 2 septembre 2023
  • 27 rue Saint-Pierre, 60300 Senlis
  • Ouverture du mercredi au samedi de 11h à 19h