Fondation Francès

Mort ou vif

Pour la première exposition dialogue, les créateurs de la Fondation ont choisi un thème emblématique de leur état d’esprit. “Mort ou vif ?” s’est imposé naturellement. “Mort ou vif ?” Cet avis de recherche tient lieu d’avis de faire part. De la naissance d’une Fondation, fruit de leur imagination, de leurs envies et de leurs pérégrinations à travers le monde pour découvrir et aimer les talents d’aujourd’hui. “Mort ou vif ?” est une exposition qui dit bien son nom. Pas de détours, une succession d’émotions fortes, d’étonnements mémorables. Une exposition qui réunit des artistes venus de Russie, du Guatemala, d’Autriche, des Pays-Bas et des Etats-Unis. Une exposition où il est d’abord question de chacun d’entre nous, de notre rapport à la Vie… et de tout ce qui suit.

Estelle et Hervé Francès ont souhaité inviter Dimitri Tsykalov de la galerie Rabouan-Moussion en raison de leur lien particulier avec Jacqueline Rabouan qui dès leurs premières rencontres leur a parlé d’Erwin Olaf, de Sandy Skoglund et de tant d’autres. Mais c’est aussi leur intérêt pour le travail de Dimitri Tsykalov et sa série Meat (chair à canon) qui les a immédiatement ébranlés et dont ils présentent cinq photographies.

« Les photographies de Dimitri Tsykalov existent à l’extrême opposé de la nature morte. Nous avons affaire à un processus d’hypercarnation, de surenchère physiologique. Nul dépiautage, pas d’équarrissage. Mais d’invraisemblables expériences d’implants de muscles et d’organes. Il s’agirait de savoir si ce principe d’épaississement des symboles de vie relève d’un genre artistique ou d’une catégorie esthétique. De fait, la viande en soi comme matériau ne suffit pas à répondre à la question. Vanitas, robe de chair pour albinos anorexique de Jana Sterbak (1987), vêtement en viande de bœuf, ou les peaux de cochon tatouées de Wim Delvoye, tout comme le boudin réalisé par Michel Journiac avec son propre sang, son propre corps qu’il envisage comme une “viande consciente socialisée”, demeurent incontestablement des natures mortes faisant vanités ». (Extrait de “Cadavre exquis” in Dimitri Tsykalov, Meat, éditions du Regard, 2008 – Jean-Yves Jouannais / Dominique Quessada)
Dans le jardin est également exposée une installation à taille réelle de Dimitri Tsykalov. Une Rolls de bois envahie par les herbes. Une œuvre végétale qui retourne à son état premier, recouvrant progressivement l’expression du luxe la plus sophistiquée par l’impression visuelle la plus naturelle. Semblables à des Vanités, les objets d’aujourd’hui, porteurs de futurisme et d’innovations finiront à revenir à la Terre. Leur destin est semblable au nôtre, ivre de nouveautés, toujours attiré par de nouveaux horizons mais finalement condamné à disparaître, à nous enfouir. Cette œuvre, en apparence ludique, nous renvoie finalement la seule question qui compte. Tout revient à la terre. Avant, il nous appartient d’honorer nos vies, de grandir un peu plus chaque jour avant de chuter si bas.

La Fondation présente en complément des œuvres issues de sa collection : six images mythiques de la série Morgue d’Andres Serrano, cinq photographies de Jeffrey Silverthorne, une photographie de Désirée Dolron, la vidéo d’une performance de Régina José Galindo et une installation de Werner Reiterer.