Fondation Francès

À corps et à cris

Une œuvre au caractère provocateur de Valérie Oka sera présentée à l’occasion d’une exposition sur le corps de la femme, à la Bibliothèque municipale de Lyon – la Part-Dieu, du 5 octobre au 31 décembre.

Cette exposition s’inscrit dans le cadre d’une programmation annuelle mobilisant le réseau des bibliothèques autour d’une thématique spécifique. La Bibliothèque municipale de Lyon organise à l’automne 2021 des événements autour de l’actualité et de l’histoire des féminismes, en écho aux cinquante ans de la création du Mouvement de Libération des Femmes. L’exposition programmée à cette occasion a pour thématique centrale le corps de la femme. Ce sujet de société est traité à travers une approche et un propos à la fois artistique et documentaire. L’exposition met en avant les théories sur le corps de la femme et ses représentations. Elle revient sur les années 1970 durant lesquelles les féministes en quête de droits fondamentaux relatifs au corps, à la sexualité et à la contraception, ont ouvert la voie à la remise en cause d’un système.

Ce vaste sujet suscite, encore aujourd’hui, des débats, ainsi qu’une reconnaissance médiatique et politique. Le corps des femmes, et plus particulièrement le regard que l’on pose dessus, représente un véritable enjeu politique et social. Nourrie par l’imaginaire des hommes, l’image de la femme est enfermée dans des attentes sociales qui sont encore à déconstruire. Dans une volonté de mettre à mal les normes, de combattre le sexisme et le patriarcat, l’exposition met en lumière les luttes féministes passées et présentes, qui ont participé et participent encore à cette déconstruction, à travers notamment des documents – affiches, tracts, revues, presse mais aussi estampes et vidéos. À travers plusieurs axes de réflexion – du corps icône au corps-écran ; corps reproducteur / corps libéré ; du corps domestique au corps public – elle s’attache à aborder les différentes formes de mobilisation et d’expressions féministes, qu’elles soient intellectuelles, sociales, artistiques ou littéraires.

L’exposition couvre ainsi un large spectre de réflexions et veille à représenter la diversité des situations vécues par les femmes dans ce qu’elles ont de commun ou de spécifique. Ce projet d’exposition diversifie les points de vue en fonction des origines culturelles, des conditions économiques, de l’identité de genre et de la sexualité, tout en évacuant le biais « hétérocentrique ».

Pour se défaire d’une approche uniquement occidentalo-centrée, l’exposition s’intéresse à la « spécificité dans la construction des corps des femmes noires (l’hypersexualité) ». Une notion à laquelle se rapporte notamment l’oeuvre de Valérie Oka : « Tu crois vraiment que parce que je suis noire je baise mieux ». Artiste ivoirienne, figure majeure de la scène de l’art contemporain en provenance d’Afrique, Valérie Oka mène, entre autres, un travail sur les relations humaines et les traumatismes émotionnels. Ses œuvres sont dotées d’une charge philosophique et symbolique.

« Tu crois vraiment que parce que je suis noire je baise mieux » sensibilise, de manière provocante, sur les stéréotypes et stigmates que subit le corps de la femme noire dans l’imaginaire collectif, portant les traces et fantasmes du colonialisme.

 

Cette exposition promet d’être riche, et l’inscrire dans un programme plus large est plus que jamais nécessaire pour inciter à l’échange et au dialogue autour de questions essentielles.